Exercices de gestion du stress pour enfants

Comment aidez vos enfants à gérer leur propre stress ?


Car nos enfants aussi sont stressés, et les enfants manifestent leur stress à leur manière : surexcitation (ils sautent partout), pleurs ou caprices, cauchemars ou mutisme boudeur ; les symptômes du stress chez les enfants ne manquent pas ! Et en même temps, je les comprends car notre époque demande tout autant aux enfants qu’à leurs parents. Et la question qui reste en suspens est : Sont-ils prêts à donner tout ce qu’on leur demande ?

Lors de ma formation, j’ai découvert que le cerveau est notre dernière tierra incognita ; nous découvrons, grâce aux IRM notamment, ces terres inexplorées, et commençons à peine à avoir une carte du territoire. Et cette carte a été utilisée par des chercheurs en neuroscience et en thérapies cognitives pour créer la Gestion des Modes Mentaux (GMM) que je vais aborder ici pour aider nos chères petits à gérer leur stress. Si vous souhaitez approfondir les notions biologiques et scientifiques, je vous invite à lire « votre profil face au stress » de Patrick Collignon, car je vais ici passer rapidement l’aspect pédagogique pour aller rapidement vers l’aspect pratique.

Quelques notions de base, toutefois :

Notre cerveaux est divisé en plusieurs territoires, et 3 de ces territoires rentrent en jeu dans la question du stress :

  1. Reptilien : c’est notre cerveau archaïque, mature dès la naissance, il gère les réflexes de survie, en gros, il est là pour dire : c’est dangereux et déclenche le signal du stress.
  2. Limbique : siège de nos expériences et de nos émotions, la partie limbique stock tous nos apprentissages, tous nos ressentis ; cette partie n’est mature que vers 25 ans.
  3. Préfrontal : siège de l’analyse et de la réflexion, ici, rien n’est stocké mais toutes les informations nouvelles ou complexes y passent car ce territoire a la capacité de réfléchir et d’analyser extrêmement rapidement.

cerveaux gestion stress enfant

Un signal de stress, outre le danger immédiat, est automatiquement envoyé par le territoire reptilien lorsqu’il y a conflit de pouvoir entre la partie préfrontale et la partie limbique. En effet, lorsque ces 2 parties ne sont pas d’accord sur la manière dont une information doit être traitée, le territoire reptilien associe ce conflit à un danger, et tire le signal d’alarme du stress ; d’où des comportements de fuite ( le fameux caprice : « je veux voir personne » ou l’excitation : « je crie et je saute partout ») , de lutte ( le tout aussi fameux caprice : « non ! » ) , ou d’inhibition ( « je boude dans mon coin et j’attends que ça passe »)

Mais pourquoi l’information ne va-t-elle pas au bon endroit ?

Un individu prend en moyenne 5000 décisions par jours, et la très grande majorité d’entre elles sont traitées par la partie limbique qui « sait faire » automatiquement ; sans que l’individu ait besoin d’analyser la situation. Tout ce qui est simple ou connu est donc géré rapidement et sans analyse, et c’est très bien comme ça. Le pouvoir décisionnel final revient toujours à la partie limbique car c’est son job, c’est le boss. Seulement, parfois, une information inconnue et complexe arrive, elle mériterait de passer chez l’analyste (le préfrontal) car le boss (le limbique) n’a pas la compétence pour prendre une décision rationnelle. Mais le boss n’a pas que ça à faire, il doit respecter les délais, et il veut traiter ça lui-même, vite fait. Le préfrontal envoie donc un message au reptilien, pour signifier son mécontentement, et le reptilien renvoie du stress à l’ensemble.

Cette explication est très grossière, mais je souhaite juste poser le cadre pour que vous compreniez l’utilité des techniques que je vais bientôt vous donner bientôt.

Tout l’enjeu revient donc à laisser le préfrontal faire son travail quand il le doit. Et pour cela, la GMM à créer des exercices qui permettent de faciliter la bascule de l’info au bon endroit.

Revenons-en à la pratique en prenant des exemples. Votre enfant de 5 ans revient à la maison après l’école et boude. Ça vous agasse parce que « vraiment, en ce moment, c’est invivable, il boude tout le temps, pour un oui, pour un non ! » Nous avons tous tendance à avoir ce raisonnement, mais faites un effort ! Avant toute chose, l’enfant ne doit pas se sentir jugé mais en confiance avec vous. Il convient donc de reconnaître que visiblement quelque chose le dérange dans sa vie et que vous aimeriez pouvoir l’aider à aller mieux. Montrez lui que vous êtes un allier, et non une autorité inaccessibleUne fois la « crise » passée, vous pouvez en reparler avec lui, de manière factuelle : « cette semaine, tu as été bouder 10 fois (soyez exact) ; je ne comprends pas ce qu’il ses passe en toi et j’aimerais qu’on en discute». Bref, afin de pouvoir utiliser la GMM, votre enfant doit vous parler, à cœur ouvert, sans craindre d’être jugé ou dévalorisé. Ce qui est important pour lui ne l’est pas forcement pour vous, comprenez bien que c’est vous qui devez aller le chercher là où il est, pas le contraire.

Une fois l’étape du dialogue passé, votre enfant vous a dit ce qui le gène : « en ce moment, ma maitresse n’arrête pas de crier sur nous », « depuis que papa a changé de travail, il m’aime plus », « je suis assez grand pour aller jouer chez le voisin », etc, etc, etc.

Il y a des situations sur lesquelles vous aurez prise, où vous pourrez concrètement améliorer les choses, et d’autres où vous ne pourrez rien faire, c’est là qu’un petit exercice de GMM peut tout changer ! Car si vous n’avez pas la possibilité de changer la situation, vous pouvez toujours changer la vision qu’a votre enfant sur cette situation. Et pour changer cette vision, il faut faire passer cette situation sous la moulinette du préfrontal.

1 – Exercice de multi-sensorialité (à partir de 6/7 ans)

Cet exercice vise à saturer le limbique qui ne peut gérer qu’un nombre limité d’informations en même temps, s’il y a trop d’information, le limbique cède la place au préfrontal, qui sera à même de voir la situation différemment :

  • Demandez à votre enfant de décrire la situation qui le stress, qu’est ce qui se passe, comment il se sent, à quoi il pense quand il vit cette situation (etc…)
  • Demandez-lui de s’assoir, de fermer les yeux et d’écouter tous les sons autour de lui, comme si c’était une musique. Il doit rajouter dans sa perception un son après l’autre pour finir par entendre l’ensemble
  • Quand il entend bien tout en même temps, demandez-lui de continuer à écouter et en même temps de ressentir son corps, ses points d’appuis sur le fauteuil, ses pieds sur le sol …..

L’ensemble prend 10 minutes pour un adulte, mais 5 min pour un enfant me semble déjà pas mal. Ensuite, demandez-lui de reparler de la situation, il devrait avoir plus de mal à la décrire, car cet exercice fait prendre de la distance. Demandez-lui à nouveau ce qu’il en pense et comment il ressent cette situation. Et enfin, demandez-lui si la situation a changée (non ! évidemment !) « Mais alors, c’est quoi qui a changé ? » L’enfant prend alors facilement conscience que c’est son regard à lui qui est différent, et qu’il a le pouvoir de changer lui-même sa vision.

 

2- Exercice de la multiplication des points de vue : (à partir de 4/5ans) :

Cet exercice vise à aider l’enfant à prendre un autre regard, utilisez des regards qu’il connait bien et pour lesquels il aura plaisirs a réfléchir « comme si il était…. »

  • Demandez-lui encore de décrire la situation qui le stress, qu’est ce qui se passe etc…
  • Qu’en penserait Tchoupi ? Qu’en penserait ton cousin ? Qu’en penserait ton copain? Qu’en penserait papa ? Qu’en penserait le père Noel ? etc… Essayez de trouver une dizaine de point de vues différents
  • Demandez-lui lequel de ces points de vue est le plus intéressant pour lui ? et pourquoi ?
  • Et enfin, même conclusion que pour l’exercice précédent : description de la situationqu’est ce qui a changer etc… ?

 

3- Exercice du dessin (à partir de 3 ans) :

Le traditionnel dessin qui permet de faire sortir de soi ce qui agace peut aussi être utilisé de la même manière avec les tout petits : « dessine cette situation, comment tu te sens, qu’est-ce que tu fais, à quoi tu penses…” ».

 

4- Exercice du 1,2 ,3 (à partir de 6/7 ans) :

  • Demandez-lui encore de décrire la situation qui le stress, qu’est ce qui se passe etc…
  • Vous dites : 1 , il dit :2 ; vous :3 , lui : 1, vous : 2 , lui :3, vous : 1 , lui : 2 etc…(pendant 1 min)
  • Transformez 1 par un geste et un son : vous : bizzz , lui : 2 , vous : 3 , lui : bizzz ; vous : 2 ; lui : 3 …(pendant 1 min)
  • Transformez 2 par un geste et un son : vous : bizzzz ; lui : clap ! ; vous : 3 ; lui : bizzzz ; vous : clap ; lui : 3 etc…. (1 min)
  • Transformez 3 par un geste et un son : vous : bizzzzz, lui : clap ! ; vous ; vroum ; lui : bizzzzz ; vous : clap ! etc……
  • Et enfin, vous connaissez la suite !

 

Ces 4 exercices vont pousser le cerveau à faire la bascule du territoire limbique vers le territoire préfrontal. Lorsque vous demandez, pour la première fois à votre enfant de décrire la situation, c’est le limbique qui parle, et à la fin de l’exercice, c’est le préfrontal, et l’enfant ressens bien la différence dans ses pensées et dans ses émotions. De cette manière, vous lui apprenez à gérer de manière plus autonome son stress, et vous lui ouvrer toutes grandes les portes du recul et de la relativité.

De quoi se sentir déjà un peu moins coupable